«Ici, le taux de mortalité est supérieur de 10% à la moyenne nationale, selon les chiffres officiels. Et les taux de cancer sont également plus élevés qu’ailleurs en Tunisie. Pourtant, on refuse de faire le lien avec la pollution», affirme Abdelhamid Haissiri, universitaire et secrétaire général de l’Association de la protection de la nature et de l’environnement de Sfax (APNES).
Accusée, l’industrie chimique, qui compterait quelque 80 sites dans la région. Plus particulièrement, l’usine de la Société industrielle d’acide phosphorique et d’engrais (SIAP), une entreprise publique qui est l’un des plus gros employeurs de la ville avec quelque 500 salariés. Elle est installée à quelques kilomètres du centre, «près de quartiers très populaires», précise le dirigeant de l’APNES.
La SIAP pollue à la fois l’air et l’eau douce de la nappe phréatique dont elle est grosse consommatrice. Sur le site, on observe, à côté d’immenses cheminées qui recrachent la fumée des phosphates, une énorme et très longue colline de déchets.
«La SIAP tue Sfax sur tous les plans. Elle freine notamment le développement économique: on ne peut pas investir dans une zone aussi polluée», estime l’universitaire écologiste. Pourtant, les chiffres officiels contredisent cette affirmation, selon les données fournies par la direction régionale. Devant ces problèmes et ces dangers, la société civil a organisé plusieurs manifestations avec différentes associations comme « Sfax Elmezyena … »
Et la question reste posé quand l’autorité tunisienne déplace cette usine ?